Rencontre avec Clément Julliard, Prix du Jury des Planches de l’ICART 2019
Clément Julliard : « Être sincère dans l’histoire qu’on raconte. »
Nous avons rencontré les lauréats des Planches de l’Icart 2019, événement qui a eu lieu au théâtre Le Palace. Commençons par Clément Julliard (Prix du Jury), avant notre entretien avec Amandine Gay.
Quel est ton parcours théâtral ?
J’ai 23 ans et je suis originaire de Besançon. Mon premier lien avec le théâtre s’est fait grâce à mon père qui était accessoiriste. Cependant, petit, je n’ai pu assister aux pièces que depuis les coulisses. J’ai commencé à passer du côté du public vers l’âge de 13 ans et le plaisir fut tel que j’ai décidé de m’inscrire au lycée en option théâtre. À l’issue de mes années lycée, je suis monté à Paris où j’ai suivi une licence d’Études théâtrales à Paris 3 (IET de la Sorbonne Nouvelle), tout en travaillant dans une compagnie à côté. J’ai finalement intégré le conservatoire du 19e arrondissement, dans la classe d’Éric Frey.
Comment as-tu entendu parlé des Planches de l’Icart ?
C’est la metteuse en scène d’une pièce dans laquelle j’ai joué qui m’a conseillé de tenter ma chance. Clara Leclerc était dans les dix finalistes de l’année dernière. Et puis, la communication sur les réseaux sociaux a bien aidé. J’ai toujours eu envie de faire du seul en scène. D’ailleurs, j’ai écrit mon texte il y a deux ans. Cependant, je l’ai adapté pour l’occasion, afin d’arriver aux 7 minutes requises.
Finalement, tu as suivi une formation assez classique en théâtre. Le seul en scène est-il vraiment ton objectif de carrière ?
Bien que je n’aie jamais fait un spectacle de seul en scène en entier, j’ai toujours aimé ça. Parmi mes projets : en écrire un. Dans le même temps, je vais monter Madame Marguerite de Roberto Athayde (une pièce qui a notamment été jouée par Annie Girardot).
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne cherche pas fondamentalement à faire rire, mais plutôt à provoquer une réaction chez le spectateur en tenant un propos. Le sujet abordé aux Planches est terrible : le Père Noël n’existe pas et c’est l’enfer pour l’enfant qui l’apprend. Ainsi, d’emblée, le registre humoristique n’est pas évident. Au contraire, mais ça fait rire quand même. Pourquoi ? Ce n’est pas vraiment explicable. D’ailleurs, il ne faut pas se dire « Je vais faire rire », sinon ça risque de tomber dans du « cabotinage ». Il faut être sincère dans l’histoire qu’on raconte.
Et ce n’est pas donné à tout le monde de faire rire. Tenez, la première fois que j’ai vu Amandine Gay (Prix du Public), c’était au Conservatoire National dans une pièce dont j’ai détesté la mise en scène. Mais elle m’a fait mourir de rire. Grâce à elle j’ai quand même apprécié le moment. Comme quoi, le comédien y est pour beaucoup dans le succès d’une pièce !
Que ressens-tu quand tu vois autant de regards rivés sur toi ?
J’aime les lumières très fortes, quand on ne distingue quasiment rien, mais qu’on sent le public. La sensation à ce moment- là est inexplicable. Mille personnes sont là, face à toi, qui est seul ! Louis Jouvet avait bien traduit la situation, quand il décrivait la présence des spectateurs comme une « Vie intense et muette ». Ces mille regards, ces mille pensées te donnent beaucoup. Et toi, tu te nourris de leur attention, tu donnes à ton tour. Le ressenti est extrêmement personnel.
Propos recueillis par Camille Beau
À découvrir sur Artistik Rezo :
Les Planches de l’Icart (Acte II), le théâtre avant tout !, de Clotilde Campagna
Les Planches de l’Icart 2019, par Eva Anslot
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